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Anonyme : La scierie

La scierie

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La scierie a été rédigé dans les années 50 par un blanc-bec qui, après avoir échoué à son bac, s’installe avec sa femme dans un coin oublié de la province française et se met en tête de trouver un boulot avant d’effectuer son service militaire. L’unique ressource de la région est le bois, et le voilà donc engagé dans une scierie. D’emblée, le ton est donné : les cadences de production doivent être respectées à la seconde près ; il s’agit de soutenir l’attention sans relâche, sous peine d’y laisser un doigt, voire une main ; les petites haines et les coups tordus se perdent. Le jeune homme se voit traiter impitoyablement par ses aînés et il fait vraiment, pour la première fois de son existence, l’apprentissage de la douleur et de la fatigue. La fermeture, liée à des circonstances accidentelles, de son lieu de travail contraint donc le narrateur à fréquenter les ateliers les plus terribles du pays, aimablement surnommés "Buchenwald" et dirigés par la poigne de fer de Garnier. L’auteur raconte la bataille livrée contre les éléments et menée au-delà de ses dernières forces pour réaliser le rêve de son nouveau patron : construire à la sueur de son front une scierie en plein coeur de la forêt.
Le texte prend alors sa réelle dimension titanesque et sort carrément du cadre de la littérature prolétarienne traditionnelle. Le topos de la valeur sacrée du labeur cède le pas à l’expression de l’abrutissement, à la description du pur effort, du développement musculaire, de la mutilation et du harassement, le tout scandé par une voix froide et âpre. La plume s’affirme dans l’arrogance, mais aussi la faiblesse, de la virilité la plus nue : celle que peut porter un tronc d’arbre sur chaque épaule, pour, à certains moments, bourrelée de tendresse et d’impuissance, fondre en larmes dans le coin d’une misérable baraque. Une oeuvre rare, éprouvante, exténuante.