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Romain Rolland : Liluli suivi de La Révolte des Machines

Liluli suivi de La Révolte des Machines

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Frans Masereel et Romain Rolland se rencontrent en Suisse, où la guerre les a conduits,en 1917.
En février 1919,Masereel fait part à Rolland de son désir de fonder avec Arcos une maison d’édition. Rolland lui soumet une farce satirique dont il vient de terminer la charge et qu’il verrait bien figurer au futur catalogue : Liluli. Séduit par les charmes de cette blonde sirène illusionniste un rien Alsace-Lorraine qui sème le chaos autour d’elle (métaphore à peine voilée de ce qui peut pousser deux nations civilisées à enterrer pour une durée indéterminée ses hommes de bonne volonté dans une tranchée), Masereel élabore la maquette de l’ensemble. Imprimée en juin 1919, Liluli joue une partition où la fantaisie littéraire de l’un dialogue synchroniquement avec les trente-deux bois dessinés et gravés de l’autre.
Liluli sera monté en 1922 par la compagnie de Louise Autant-Lara, dans un spectacle de silhouettes projetées, élaborées ainsi que les décors par Masereel.
En juin 1921,Masereel lance l’idée de faire un film sur pellicule. Enthousiaste, Rolland livre en juillet une satire mettant en scène la psychologie des masses et du moi freudien en lutte avec le cauchemar fordien de la main d’oeuvre à l’ère de sa reproductibilité technique. Pour cette symphonie machiniste intitulée La Révolte des Machines ou la Pensée déchaînée, l’ingénieur Masereel – à l’instar du démiurge Maître des Machines – se met à inventer tout un peuple de créatures au coeur d’acier et aux pieds d’argile (scie automobile, grue munie de bennes, grue sur rails, élévateur…). Masereel se charge sans tarder de la mise en page du texte et de ses xylogrammes. Si l’édition restreinte du Sablier voit le jour en décembre 1921, les livres ne quitteront cependant pas la cave de l’imprimerie Kundig. Rolland, qui a payé le tirage de sa poche, ne souhaite pas ébruiter La Révolte avant que son adaptation cinématographique ne traverse l’Atlantique. La Révolte des machines ne contaminera pas les salles de projection. Refusant la mise en circulation de l’édition du Sablier, Rolland donnera cependant son accord pour une publication du scénario illustré dans la revue Vanity Fair en 1923, puis chez l’éditeur The Dragon Press en 1932.
Toute sollicitation pour libérer ses machines de la cave de l’imprimeur Kundig restant lettre morte, Masereel devra donc attendre le décès de son scénariste avant d’être exaucé par l’éditeur (et marchand d’art) Pierre Vorms en 1947.