MENU

ouvert du mardi
au samedi de 13h à 20h
23 rue Voltaire 75011 Paris
quilombo@globenet.org
01 43 71 21 07

Le monde à l’envers

Le monde à l’envers


L’ENDROIT DE LA CRITIQUE SOCIALE

Le monde à l’envers, maison d’édition associative grenobloise née en 2010, non seulement se donne pour vocation de documenter sur l’envers du monde, c’est-à-dire sur la critique sociale et politique d’icelui, mais en plus de le faire à rebours de la marche dominante, c’est-à-dire avec une revendication locale comme point d’ancrage dans le tsunami du capitalisme globalisé. « L’ancrage local, territorial, nous tient particulièrement à cœur, nous nous inscrivons dans la formule de Jacques Ellul “Agir local, penser global” », reconnaissent les membres de l’association. Dans le sillage de la contestation des nécrotechnologies initiée par Pièces et Main d’œuvre, ils travaillent à changer le monde. Déjà, « il faut savoir que c’est possible. Le monde à l’envers documente, enrichit et critique les luttes contre le capitalisme, le patriarcat, la technologie, la police. L’ordre des choses n’est ni juste, ni naturel, ni éternel. Encore faut-il réussir à le changer. Mesurer le possible, ou prendre la mesure des forces des adversaires. La conscience de la situation, aussi laide soit-elle, est nécessaire à sa transformation », comme le dit le texte de présentation sur leur site Internet. Les pieds sur terre et la tête en marche. À la base, « la maison d’édition a été créée en 2010 dans le but de soutenir une lutte contre l’implantation de caméras à Grenoble par la municipalité socialiste. Elle visait à diffuser les arguments de la contestation jusque dans les librairies et les bibliothèques. Par ailleurs, il y avait l’idée que les livres, contrairement aux tracts, perdurent. Nous voulions également que les idées circulent au-delà des cercles militants ou politisés. On peut dire que la motivation première de cette maison d’édition et qui reste inscrit dans notre ligne éditoriale est de servir de caisse de résonance aux luttes locales ». Aujourd’hui, beaucoup se satisfont de mettre en ligne leurs tracts pour les rendre « accessibles », oubliant par là que tout le monde n’est pas connecté (et vu les structures que ça demande, tant mieux), que ceux qui sont connectés ne le sont pas (encore) en permanence, et qu’acquérir des connaissances via Internet et l’ordinateur n’est pas du tout la même chose que les acquérir via du papier – l’écran et les différentes fonctions de l’ordinateur favorisent la dispersion, le papillonnement et la mémoire courte, alors que le papier favorise l’attention, la concentration et la mémoire longue, donc les capacités d’argumenter et de réfléchir par soi-même. Le monde à l’envers, en faisant des livres, court-circuite la tendance actuelle, et qui plus est, on l’a vu, en les ancrant là où ils vivent. De fait, « comme nous essayons de publier des livres locaux nous nous préoccupons davantage de la diffusion locale. Un diffuseur commercial à l’échelle nationale ne pourrait pas toucher autant de librairies que nous dans cette région ». Mais Le monde à l’envers n’est pas pour autant un éditeur régionaliste – et encore moins identitaire : les titres publiés sont « locaux, dans le sens où ils s’inscrivent plus particulièrement dans la région. Il n’en demeure pas moins qu’ils ont une portée nationale du fait du message politique qu’ils portent : ça se passe à Grenoble ou dans sa région, c’est-à-dire partout ».

Les cinq personnes qui composent l’association aujourd’hui sont toutes bénévoles et issues du DIY autant que des luttes sociales. L’autogestion y est logiquement appliquée. « Nous avons une réunion par mois où nous décidons collectivement des prochaines parutions. On fait tout nous-mêmes : maquette, impression des couvertures en sérigraphie, corrections, service presse, diffusion et distribution et parfois fabrication des ouvrages (9 titres sur 14 ont été fabriqués de A à Z, surtout les formats brochures) à savoir l’impression, l’assemblage et l’encollage de la couverture » ; le recours à des tiers (des amis tout autant bénévoles) se fait éventuellement pour la diffusion, notamment. L’anticapitalisme est présent à toutes les étapes, « quitte à ne rien gagner sur les ventes, un peu dans l’esprit des tracts (tout le monde met de sa poche pour l’impression et il n’y a aucun bénéfice financier). Ne pas vivre de cette activité, nous offre la possibilité de tirer les prix les plus bas et même de pouvoir proposer des remises plus importantes pour les librairies militantes et infokiosques (50% contre 35% pour des librairies classiques) ». En somme, « nous essayons de faire des livres les moins chers possibles et nous y parvenons parce que nous sommes bénévoles, parce que nous nous auto-diffusons et auto-distribuons et parce que nous essayons de rembourser uniquement le prix du livre et de son envoi (pratiquement aucun bénéfice, les quelques sous récupérés servent à l’impression des futurs titres) ». Par exemple, deux des dernières parutions ne sont pas chères du tout : Détruire les villes avec poésie et subversion. Désurbanisme, fanzine de critique urbaine (2001-2006), tiré à 1000 exemplaires, est vendu à 16 euros - pour un pavé de plus de 500 pages, c’est plus qu’abordable, et La reproduction artificielle de l’humain, tiré à 2000 exemplaires, coûte seulement 7 euros. Ce dernier titre est un essai sur une question d’actualité qui prend le contre-pied du discours dominant dans l’extrême gauche et chez les libertaires : la PMA y est décrite avant tout comme une étape primordiale dans l’entreprise de marchandisation du vivant et qui n’a rien à faire avec la notion d’égalité sociale. Espérons qu’il fera du bruit, voire qu’il remettra les pendules à l’heure ! On trouve aussi, chez Le monde à l’envers, des petits textes sur le travail (Métro, boulot, chimio, La mécanique des lettres, Avec une caméra), une BD sur l’immigration italienne à Grenoble, Disgrazia ! de Coline Picaud, un récit de lutte contre l’implantation d’un Center Parcs (Chambard dans les Chambarans. S’opposer à Center Parcs et à la marchandisation du monde, d’Henri Mora) ou encore le livre collectif par lequel tout a commencé, en 2010, Sous l’oeil des caméras.

De leur aveu, « c’est un peu en amateurs que nous nous sommes lancés découvrant les réalités de l’édition : demande d’ISBN, la chaine du livre, le référencement, etc. Avec le temps et l’expérience, nous nous sommes « professionnalisés » et aujourd’hui nous pratiquons le métier d’éditeur de façon bénévole, en plus de nos activités professionnelles (pour celles et ceux qui travaillent) et militantes ». Cet amateurisme originel ne les empêche pas de percevoir le monde de l’édition avec une certaine sagacité : « de plus en plus de titres publiés dont énormément de merdes, de moins en moins de lecteurs, l’arrivée du livre numérique vécue comme le nouvel eldorado par certains éditeurs… De grosses maisons d’éditions (ou groupes concentrant plusieurs maisons d’éditions) qui noient les librairies de titres. Ça ne rime pas souvent avec qualité mais on y trouve néanmoins quelques perles. Des petites maisons d’éditions où il y a plus de qualité (mais pas toujours ! ce n’est pas parce que c’est « petit » ou « alternatif » que c’est de qualité) mais qui peinent à trouver une place en librairie (difficulté de diffusion, de distribution, place en librairie, etc.) ». Le fonctionnement de la librairie ne leur est pas inconnu non plus, surtout les « petites librairies qui tentent tant bien que mal de survivre, essayant de proposer de la qualité au milieu d’une production abondante de piètre qualité (la place sur les tables est rare, fort turn over des titres du fait de l’arrivée quotidienne de cartons) » confrontées à la « raréfaction du lectorat et de l’achat (ça représente vite un petit budget) » et à la « concurrence de grosses librairies, véritables supermarchés qui tiennent grâce aux marchés publics mais qui subissent eux-mêmes la crise, obligés de se « diversifier » par la vente de babioles et de camelotes électroniques ». Manifestement, Le monde à l’envers, c’est des gens de confiance. On compte donc sur eux « pour qu’un jour les possibles soient incommensurables. »

46 bis rue d’Alembert, 38000 Grenoble.

04.57.39.87.24. fax : 09.57.91.42.42.

mondenvers@riseup.net

http://www.lemondealenvers.lautre.net

L’équipe de Quilombo vous présente des maisons d’édition indépendantes. Une table présentant les principaux livres leur est dédiée à la librairie et vous pouvez bien sur nous commander tous les titres par correspondance.