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Enzo Traverso : L’histoire comme champ de bataille

L’histoire comme champ de bataille

Interpréter les violences du XXe siècle
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En 1989, la chute du mur de Berlin a clôturé le XXe siècle.
Ce qui, jusqu’à la veille, palpitait dans le présent, est soudainement apparu comme appartenant à l’histoire. Profondément affectée par cette rupture, l’historiographie a dû remettre en cause ses paradigmes, questionner ses méthodes, redéfinir ses domaines. La manière de penser et d’écrire l’histoire du monde contemporain s’est modifiée. Les clivages figés de la guerre froide ont laissé la place à l’histoire globale qui, au lieu d’un siècle divisé en blocs, voit un réseau d’échanges économiques, de transferts démographiques, d’hybridations culturelles à l’échelle de la planète.
L’histoire structurale, axée sur la longue durée, a fait place à un retour de l’événement, avec ses contingences et ses énigmes. La mémoire, finalement, est devenue un prisme privilégié de perception du passé. Une fois entrée dans l’atelier de l’histoire, elle a redessiné le profil du XXe siècle comme âge de la violence et des victimes. Ces mutations sont au coeur de certains grands débats historiographiques que ce livre essaie de reconstituer dans un tableau d’ensemble et de soumettre à une analyse critique.
Il part d’un bilan de l’oeuvre d’Eric Hobsbawm, le premier historien du « court » XXe siècle, qui est aussi le miroir d’une école historique et d’une génération intellectuelle marquée par l’engagement politique. Il aborde ensuite d’autres grandes catégories interprétatives, tant anciennes (révolution, fascisme) que nouvelles (biopouvoir), pour mettre en lumière à la fois la fécondité et les limites de leurs apports ou de leurs métamorphoses.
Il interroge le comparatisme historique, d’abord en étudiant les usages de la Shoah comme paradigme des génocides, puis en mettant en parallèle l’exil juif et la diaspora noire, deux thèmes majeurs de l’histoire intellectuelle. Il analyse enfin les interférences entre histoire et mémoire, entre mise à distance et sensibilité du vécu, qui affectent aujourd’hui toute narration du XXe siècle. L’histoire s’écrit toujours au présent : c’est bien ce lien matriciel entre le monde de l’historien et son écriture du passé que ce livre questionne.