Année 2004.
Un an avant qu’il ne décède d’un cancer fulgurant, nous avions reçu François-Xavier Verschave à l’occasion de la parution de son livre Au mépris des peuples. La salle était archicomble, environ 120 personnes étaient venues écouter et discuter avec cet infatigable dénonciateur de ce que l’on appelle la Françafrique, volet occulte de la politique de la France envers certains pays
d’Afrique (Togo, Gabon, Cameroun, Congo, Tchad, Burkina Faso…). Son ouvrage La Françafrique (Stock), paru en 1999, et sa suite Noir Silence (les Arènes), publié en 2000, ont rencontré un large écho car ils décryptent une politique française en Afrique que l’on peut qualifier de néocoloniale et révèlent certains scandales de la République.
Ses livres analysent « une nébuleuse d’acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisée sur l’accaparement de deux rentes : les matières premières et l’Aide publique au développement. La logique de cette ponction est d’interdire l’initiative hors du cercle des initiés. Le système autodégradant se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie ». Aujourd’hui, des lecteurs continuent à nous demander régulièrement à la librairie ces livres de référence.
Au mépris des peuples fait une synthèse claire et accessible de la Françafrique et actualise les précédents textes, car ce système a perduré, sous des formes parfois différentes mais dans la même logique et pour servir des intérêts identiques, bien après que ceux qui l’incarnaient, Pasqua ou Chirac par exemple, eurent quitté le pouvoir. Le combat de Verschave
continue aujourd’hui, notamment au travers de l’association Survie qu’il a présidée durant une dizaine d’années, et avec laquelle d’ailleurs, Quilombo a, à plusieurs reprise, collaboré.