A l’instar du mois précédent, nous vous présentons une autre jeune maison d’édition qui a la gnaque. Il s’agit cette fois des bruxelloises éditions ADEN. Crée à la toute fin du XXe siècle, l’aventure éditoriale associative se mua en " conglomérat " impulsé par la nécéssité de donner une vitrine à cette vivacité dans la littérature critique.
De fait, Aden c’est aujourd’hui un éditeur, mais aussi une librairie (à Bruxelles) et un diffuseur (en Belgique). Faire des livres, c’est aussi assumer et promouvoir leur visibilité. D’abord, regroupant d’autres éditeurs de la même engeance, a été créée Aden diffusion ; puis, en dernier lieu, une librairie a été ouverte dans le quartier St Gilles à Bruxelles.
Quand on parle d’Aden, tout est mélé : les trois salariés de la structure s’occupent à la fois de la librairie, de la diffusion ou de l’édition ; les tâches ne sont pas vraiment prédéfinies, mais le fait que chacun touche à tout, outre le bénéfice d’éviter l’aliénation de la spécialisation, génère aussi son lot d’erreurs et d’embrouilles au quotidien. Rien de très grave, mais du temps perdu pour des broutilles. Aussi cette non-spécialisation à tendance à s’amenuiser. D’autre part Aden c’est aussi une nébuleuse qui ne rechigne pas devant les coups de main bénévoles et autres contributions militantes en périodes chaudes, tels les salons du livre.
Outre la partcipation à de tels salons les éditions Aden s’auto-promeuvent à la carte, de manière pas du tout systématique, envoyant des ouvrages à certains journalistes ciblés ; " par exemple pour Imperialisme Humanitaire (Jean Bricmont) il y avait une nécéssité de faire passer un point de vue alternatif dans les médias parce qu’il y a un contexte d’instrumentalisation des droits de l’homme comme en Irak mais le Chomsky-Foucault (Sur la nature humaine) ou le Che Guevara (Le socialisme et l’homme) un tel travail n’est pas nécassaire car ce sont des ouvrages plus philosophiques ou d’histoire du mouvement ouvrier ".
C’est la grande force des éditions Aden que de toucher à tout, de faire avancer la critique partout, des rééditions aussi bien que des nouveaux venus. 4 collections (Petite et Grande bibliothèque d’Aden, EPO, et tout bientôt Fil Rouge), une charte graphique claire et agréable, 25 titres au catalogue, 2000 exemplaires en moyenne… Des essais sur Clausewitz ou Zola, une histoire libertaire de le piraterie ou celle d’un camp de concentration belge… Les livres qui ont le plus facilement trouvé un public et un écho sont ceux des géopoliticiens Noam Chomsky (Comprendre le pouvoir et La fin de " la fin de l’histoire " - écrit avec Naomi Klein, Jean Bricmont et Anne Morelli) et Jean Bricmont, Impérialisme Humanitaire. Marche aussi très fort Le mythe de la bonne guerre de Jacques R. Pauwels, qui donne une relecture des intérêts américains lors de leur investissement dans la seconde guerre mondiale.
D’une manière plus globale, le constat est relativement optimiste : " L’édition est hypersensible à la domination du capitalisme. Nous on essaye de contrer cette domination - donner un autre son de cloche donc on a pas du tout envie en tant qu’éditeurs d’être assimilés à par exemple une ligne politique bien claire à la gauche de la social democratie, on a vraiment envie d’éditer des anarchistes comme des communistes comme des écolos radicaux, on a vraiment envie de créer le débat et de l’amener sur les tables des librairies. La bibliodiversité est en danger dans les librairies.(...)oui on va mettre nos livres dans les fnacs, on trouve que c’est important parce que c’est là que les gens vont et on veut pas abandonner des espaces comme les fnacs aux marchands et oui on veut faire connaître et mettre en avant les petits libraires indépendants, on veut vraiment diffuser au maximum nos idées(..) On arrive quand même a se faire connaître, à créer le débat, mais il faut regarder au delà de Aden, on vit dans un age d’or de l’édition de gauche, y’a énormement de livres super intéressants qui sortent (...) ; le livre est en crise et en même temps y’a jamais eu autant de chouettes livres qui sortent ".